À Madoumaisela Anna C.

À Madoumaisela Anna C. — Lou Jour de sa Festa ("To Miss Anna C. — On the day of her party") is a poem in Occitan by Louis-Diogène Guiraldenc (1840-1869). See the Guiraldenc page for all of his poems and more about the poet himself.

Group of seven men, three women, and one girl gathered around a table in a garden toasting with glasses of champagne.
Artists’ Party, Skagen by Peder Severin Krøyer (1851–1909) Source: Wikimedia

Table of contents

  1. Original Version
    1. À Madoumaisela Anna C.
    2. Observations

Original Version

The following is the original version of the poem in the Montpellieran dialect of occitan, with observations by A. Roque-Ferrier in French.

This poem appeared in the appendix of the second edition of Guiraldenc's poems, together with L'age de Vint Ans.

À Madoumaisela Anna C[habanon][1]

Lou Jour de sa Festa

Annà, moun sang,[2] moun cor, per celebrà ta festa,
N'auriei[3] vougut cercà quauques vers dins ma testa.
N'ai pas agut lou tems de bouscà[4], de causì.
A loga[5] d'ajudà, la Musa fougna aussi.

Couma aco pode pas de moun sicat[6] res faire.
Elàs[7], noun sabe pus à quante sant me traire[8]!
Aicì moun derniè dich qu'es pas de per esprès;
Ben t'en prengue de pas lou veire de travès:

A Dieu demande doun que, lou long de la vida,
Nostra amistança en lioc s'atrobe deglesida.
Oi, serai ben urous se tus, de toun coustat,
N'auses pas fa de mens que ce que t'ai cantat.

Observations

  1. ^ Si l'on tient compte de l'ordre chronologique que Guiraldenc semble suivre dans son manuscrit et du fait que la pièce suivante célèbre l'âge de vingt ans, notre poëte aurait composé ces vers aux environ de la dix-neuvième année.

  2. ^ Moun sang est une expression de tendresse encore fort usitée parmi les Montpelliérains.

  3. ^ L'emploi du ne et de n' n'a pas ici de valeur négative.

    Des différents poëtes de Montpellier, le sculpteur Faure, à qui l'on doit quelques vers qui furent dits par sa fille à Louis XVIII (alors comte de Provence) lors de son passage à Montpellier, le 28 juin 1777, est celui qui s'est le plus scrupuleusement conformé aux règles populaires en ce qui touche cette particularité.

    Nous reproduisons en leur entier les rimes peu connues de ce poëte, en soulignant les exemples de ne et n' qu'elles renferment:

    Pode pas garda lou silensa
    Per lou beu comte de Provensa.
    Me soui hazardat en patois
    De ne fa brillia sous exploits.
    Se n'aviey l'esprit de Voltaira,
    Trassariey mille qualitas.
    Lou papié de touta la terra
    Sas vertus ne countendrié pas.

    De Louis seize (sic) n'es lou frera,
    N'es renoumat per touta terra.
    Se yoi Alexandra vivié,
    Lou pas segu li cedarié.
    Rempli d'esprit et de courage,
    Se ara la guerra n'avian,
    Ah! veirias un cruel carnage,
    Das ennemis trioumpharian.

    Dans une autre pièce, Faure disait au même prince:

    Nous fazés couma fai la roza,
    Qu'attenden que [ne] siegue ecloza,
    Per ne joui de sas coulous,
    De sas beutas, de sas sentous.
    Ne disparey… Et vous de mema,
    Sans una nioch dourmi aisi.
    Nous mettés d'un chagrin extrema;
    Ne partissés, anan mouri.

    M. Germain a pour la première fois fait connaître ces deux pièces en 1882, dans son intéressant travail sur le Comte de Provence à Montpellier. (Bulletin de la Société languedocienne de géographie, t. V, p. 513-514.)

  4. ^ Bouscà (chercher) est un verbe aujourd'hui périmé, ou de peu s'en faut.

  5. ^ Quelques personnes disent à lioga. La forme masculine existe, et Tandon (Fables, contes et autres pièces en vers patois de Montpellier, 1813, in-8°) l'emploie assez souvent, mais en l'orthographiant d'une façon plus que bizarre:

    Y'ai moustrat un moussèl de car;
    Mais, âouïoc dé véni lou préndre,
    Margot s'és téngûda à l'éscar… (P.76.)

  6. ^ Poudre pas res faire de soun sicat (ne pouvoir rien faire de sa propre tête, de sa tête à soi) est une formule populaire encore très-répandue.

  7. ^ C'est probablement par distraction que Guiraldenc a écrit Hélas.

  8. ^ Formule populaire assez usuelle, si ce n'est que tout le monde eût dit sent au lieu de sant.

    Celui-ci n'est usité que dans Toussant (la Toussaint et Toussaint nom propre ou prénom), dijòu sant (jeudi sant) et les jurements santadì, santadina, santapà, santapeta, santafieu, etc.

    Les dérivés santafià, santuari, etc., ont aussi gardé leur a latin.

    Noun sabe pas se ressent un peu des lectures provençales de Guiraldenc; le peuple aurait dit sabe pas pus.